CHINE -Xinjiang – Tibet –
Il y a quelque temps, Kathleen Meyer publiait un ouvrage devenu célèbre « Comment chier dans les bois ». « Facile ! Pas de quoi faire un bouquin ! », serait-on tenté de dire, comparativement à la même activité pratiquée en Chine.
A Pékin ou Shanghai, dans un hôtel de gamme moyenne, aucune différence avec nos lieux d’aisance.
Dans la Chine des provinces, il en va tout autrement.
Éliminons tout de suite la procédure : elle est collective ! Irrémédiablement. Définitivement. Point de cabine, point de porte, point de séparation. Comme on expectore en public, on excrète de même. A plusieurs. Parfois, à beaucoup !
Le principe : la rigole. Arrivé dans les lieux, 2 conformations possibles. Soit vous êtes accroupi face à l’entrée, le fondement évoluant au-dessus de ladite rigole qui court le long d’un mur. Soit vous vous postez de profil –en file indienne donc- enjambant la même rigole, dans les 2 cas parcourue par un mince filet d’eau « évacuateur » permanent.
Avantages et inconvénients des 2 systèmes.
De face, vous pouvez toujours, Ô lamentable européen qui ne tient pas accroupi, vous appuyer au mur derrière vous pour ne pas choir pendant l’expulsion, remake de « La lune dans le caniveau ». Il vous est également plus facile de deviser aimablement avec ceux qui attendent leur tour à l’intérieur puisque vous leur faites face. On vous offre même parfois une cigarette pour patienter quand l’abus de riz rend votre soulagement viscéral plus lambin que prévu. Là, dilemme : refuser le cadeau et rester en équilibre ou bien compromettre, en lâchant le mur, un équilibre rendu précaire par le sous-vêtement qui enserre sournoisement vos pieds.
De profil, vous devez tenir accroupi, à moins de vous accrocher à l’épaule de votre devancier. Les discussions sont peu faciles avec les visiteurs. Vous restez le plus souvent absorbé, moins par la chute de reins du parturient de devant, que par la nature des excréments lâchés par les utilisateurs postés en amont et qui, dévalant la rigole, passent entre vos jambes étonnées.
Le lavage se fait presqu’exclusivement sans « water » ; d’eau il n’y a qu’une bouteille plastique grossièrement coupée en deux aux ciseaux pour que vous puissiez y plonger la main –non sans vous écorcher les jointures- afin que de votre sénestre (n’utilisez pas la droite, vous mangez avec dans quelques instants !) vous vous aspergiez le fessier, largement fendu par une position écartelée de vos pieds, sur deux emplacements relativement épargnés par les erreurs de visées des prédécesseurs.
Mes conseils :
Évitez d’aller chier en Chine…
Ne pas y aller en tongs.
Évitez les toilettes des grands sites touristiques (zoos, parcs d’attractions,…), elles sont toujours d’une capacité minimum de 20 à 30 places et quand 2 bus chinois arrivent… il faut être moralement armé pour prendre une place !
Ne vous offusquez pas des rires et claquages de cuisses en vous montrant du doigt : il est normal qu’on commente sans ambages la qualité de vos organes reproducteurs ainsi exhibés ou votre pilosité intime : riez avec eux !
Dans la conformation en file indienne, tentez de vous placer le plus possible « en amont », vous aurez ainsi la satisfaction de fixer le mur et de sourire benoîtement en songeant aux conjectures des autochtones sur votre régime alimentaire.
Évitez de manger du plastique ou des produits toxiques : en contournant le bâtiment, vous verrez que très souvent la rigole irrigue le jardin du restaurant d’où ont été tirés ces succulents épinards chinois qui vous ont conduit là en courant, surmontant honte et répulsion…
Gilles GAMOT
Version « campagne «
Version « ville «
A la ville comme à la campagne , un point commun : L’entretien des lieux est à revoir !
Toutes les configurations sont possibles :
Photos : Annick LANDOUER
J’ai rechigné à chier en chine
« Bouts du monde » N°3
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